SON HISTOIRE

Histoire de l’église Saint Julien

L’église de Lablachère est très ancienne mais n’a pas une date de construction exacte à cause de son style peu caractérisé. Elle est dédiée à St Julien de Brioude. Ses premières mentions remontent à la fin du XIIIème Siècle. On suppose l’existence d’une église primitive en ce lieu dès le XIIème siècle et peut-être avant…  Elle fut unie en 1514 par le Pape Léon X au chapitre de la cathédrale de Viviers. L’église aurait été construite dans un style roman mais n’a pas conservé de stigmates de cette période. Au début du XIXème siècle, les chapelles latérales s’écroulent, il ne reste alors plus que la nef. Celle-ci fut immédiatement reconstruite, les travaux prirent fin en 1824. Quelques années plus tard, en 1867, le clocher jusqu’alors à peigne est remplacé en l’élevant et le surmontant d’une pyramide.

Une curieuse mais impressionnante bâtisse est venue se greffer sur l’église : la cure. Orientée au sud-ouest, cette construction forme avec l’édifice religieux un angle obtus, des plus étonnants.

 

L’église longtemps entretenue par les seigneurs du village : 

Le bâtiment est également, à travers son histoire, le fruit du travail et de la croyance des seigneurs du village.

En effet, dans la paroisse de Lablachère, jadis, existait une riche famille de nobles : les Saumès, (habitant un vaste château, toujours présent dans le village) qui plus tard s’attribueront le titre de seigneurs du village. De part certaines traces, nous savons que cette famille a durablement contribuée à la vie de l’église entre le XIIIème et le XVIIIème Siècle.

Avant la reconstruction de l’église, les chapelles avaient été construites par les seigneurs du village. Pour anecdote, la plus sourcée est la chapelle de Ledit Bertrand de Born (qui tire son nom du château de borne), se nommant la chapelle Saint Jean Baptiste. Dans cette chapelle, plusieurs membres proches de sa famille y avaient été enterrés (son père notamment). Suite à la mort de sa fille, il ordonna que soient célébrées 200 messes dans la chapelle St Jean Baptiste. Il rédigera un testament le 23 Juillet 1526, indiquant qu’il se revendique Seigneur de la Saumès et élit sa sépulture dans l’église St Julien dans la chapelle qu’il avait faite bâtir. De plus il obligea que soit célébré un hobby de 15 messes à perpétuités.

La tragédie de l’effondrement entraine également sous les décombres les tombes des Chanaleilles (l’une des plus prestigieuses familles du Vivarais) qui possédaient leurs sépultures dans les chapelles latérales, à l’intérieur même de l’église.

 

Deux Événements et anecdotes

Lu dans La Croix de l’Ardèche du 22 août 1937

Le 12 août, a été béni le mariage de Mlle Suzanne Debailleul, fille du général Debailleul, gouverneur militaire de Bordeaux et de Mme née Fabre, avec M. Achille Lemaire, clerc de notaire à Bordeaux.
Les jeunes mariés furent reçus à l’église au son d’un joyeux carillon et suivis d’un brillant cortège de 12 demoiselles d’honneur, le général en grande tenue et une assistance nombreuse de parents et d’amis.
L’église était gracieusement décorée de fleurs, de lumières et de tapis. M. le curé adressa aux jeunes époux une allocation justement appréciée. Pendant la cérémonie on entendit de beaux chants brillamment exécutés par les choristes de Lablachère sous la direction de M. l’abbé Duroure, maître de chœur du petit Séminaire d’Aubenas.

Une quête des plus généreuses fut faite au cours de la cérémonie. Nous adressons nos meilleurs vœux de bonheur aux nouveaux mariés.

Autre évènement :

La loi de séparation des Églises et de l’État de 1905 dissout les établissements du culte et prévoit le transfert de leurs biens vers des associations cultuelles qui doivent se constituer pour assurer l’exercice du culte, conformément à la loi du 1er juillet 1901. C’est pourquoi les agents de l’administration des Domaines reçoivent pour mission d’inventorier les biens mobiliers et immobiliers de ces établissements qui avaient depuis le Concordat de 1801 le statut d’ « établissements publics du culte ».
Les inventaires sont dressés en 1906 pour les fabriques des églises et les conseils presbytéraux protestants. Les biens leur appartenant en propre sont recensés sur les pages de gauche et ceux de l’État, des départements et communes, mis à leur disposition, sur les pages de droite.
Pour chaque église, deux inventaires peuvent être effectués, le premier concernant la fabrique (assemblée chargée de l’administration de la paroisse et de la gestion de ses biens) et le second, plus rare, la mense curiale (revenus du curé destinés à assurer ses dépenses personnelles et pastorales).
Influencés par l’hostilité du pape Pie XI envers la loi de 1905, de nombreux catholiques s’opposent à la réalisation de ces inventaires. Des lettres sont donc parfois insérées.

À Lablachère, le 9 février 1906, à 9 heures, au moment où le receveur de l’Enregistrement frappe à la porte du presbytère « on s’est mis à sonner le tocsin et aussitôt Monsieur le curé de Lablachère est sorti de l’église, suivi d’une foule de quatre cents personnes environ qui nous a aussitôt entouré ».

Après avoir réclamé le silence, le curé de Lablachère lit sa protestation dans laquelle il « refuse de faciliter, de favoriser un inventaire qui n’a et ne peut avoir un autre but que de connaître, d’apprécier la valeur des biens sacrés de l’église, de savoir où ils sont pour les prendre quand le moment en sera venu », « déclare que la force seule pourra avoir raison de mon opposition, qui est formelle et bien réfléchie ».
Le curé refuse catégoriquement de laisser entrer le receveur qui considérant qu’il ne peut remplir sa mission, se retire après avoir fait connaître au curé qu’il reviendrait à une heure de l’après-midi pour procéder à l’inventaire des biens de la fabrique paroissiale. Le curé se tourne alors vers les assistants et leur dit « Vous entendez à une heure l’inventaire de l’église. Catholiques ! Je vous convoque à cette heure pour faire votre devoir ». Aussitôt la foule pousse des cris « Vive la liberté ! A bas les voleurs ! » huant le receveur.
L’inventaire se fait finalement à une heure de l’après-midi en l’absence du curé…